Quelle éducation pour quelle société ? Osons sortir du modèle du 19ème siècle
Les photos du débat sont consultables à cette adresse : http://minu.me/97zp/p
Plus de 100 personnes ont assisté ce mardi 19 mars à la conférence de Ph. Meirieu, le pédagogue et praticien Lyonnais aujourd’hui vice président de la Région Rhône- Alpes, délégué à la formation tout au long de la vie. En organisant sa venue le comité local sud Haute Marne d’Europe Ecologie les verts, souhaitait s’interroger et débattre autour de la question : quelle éducation pour quelle société ?
Pour discuter autour de cette question, , Ph Meirieu nous a invité à nous reposer les questions fondamentales qui régissent les principes organisateurs de l’école aujourd’hui. Qui éduque et pourquoi ? quels grands enjeux pour l’éducation ? quels leviers d’action ?
Sur le qui éduque et pourquoi, un panorama des acteurs éducatifs met en évidence un paradoxe d’une école à la fois désacralisée et à qui on demande toujours plus, sans créer suffisamment les conditions qui permettent une adaptation à un monde qui change. L’école est donc mise en porte à faux entre des familles laissées bien seules pour répondre à des questions de plus en plus complexes, un milieu associatif très malmené depuis 10 ans, un poids envahissant des médias (écrans) .
Dans ce contexte de complexité croissante mal accompagnée, les grands enjeux éducatifs tournent autour de 3 mots, nous dit Meirieu : Sursoir, symboliser, coopérer.
Sursoir, car la pensée ne nait que de notre capacité à sortir l’acte de l’immédiateté,
Symboliser qui permet de se représenter la permanence de l’objet, de relier les savoirs à la mise en contexte,
Coopérer pour profiter de l’enrichissement par les différences.
Ce sont là les 3 verbes qui permettront à la fois à l’individu éduqué de retrouver du plaisir dans l’acte d’apprendre, de se construire un imaginaire de nature à relever les défis de la société actuelle.
Pour que l’Ecole tende vers ces valeurs, 3 leviers possibles, doivent être repensés avec audace au lieu d’être organisés autour d’une logique exclusivement comptable et gestionnaire comme cela a été fait au cours de cette dernière décennie: le travail en équipe, l’évaluation comme processus éducatif bienveillant et non sanctionnant et enfin la formation continue des enseignants.
Durant le débat qui a suivi, à travers des questions d’actualité concrète, des rythmes scolaires à la carte scolaire, Ph Meirieu s’est efforcé de montrer comment en ouvrant des possibles on peut construire une école autrement à condition d’avoir le courage de refonder les choses, de faire preuve d’inventivité , d’oser penser autrement. C’est bien là le grand défi collectif qui est encore devant nous.
Verbatim – extraits de propos de Ph Meirieu
Ne pas confondre éducation et école, l’école ne peut pas éduquer seule ; « l’éducation , c’est tout le village, il faut tout un village pour éduquer un enfant » disent les africains
Les lieux d’échanges et de confrontation sur les questions de plus en plus complexes de parents sont rares, et c’est pourtant des questions nouvelles, auxquelles personnes n’a vraiment de réponses toute faites
B Stiegler,
Nous sommes passés à la troisième phase du capitalisme
Capitalisme industriel
Capitalisme financier, qui bouge encore un peu, mais un peu mort
Capitalisme pulsionnel, pulsion d’achat, matrice fondatrice du comportement humain , qui risque d’anéantir les efforts éducatifs ….
Du vivre ensemble au faire ensemble … on peut vivre ensemble sous le joug d’un tyran
Faire ensemble, construire ensemble, découvrir la complémentarité, la patience ,…
Aujourd’hui , tout est dans l’immédiateté, … on peut pourtant différer, mais l’environnement ne pousse pas toujours à cela… La société dans laquelle nous vivons met en péril la pensée
Une obligation de résultats imposée par la droite … la classe est devenue lune centrifugeuse, le lieu où on évalue les élèves pour savoir s’ ils ne seraient pas mieux ailleurs,
Une médicalisation de l’échec scolaire orchestrée par Chatel et son cabinet
Ce qui fatigue un enfant, c’est l’échec ; Ce qui nous fatigue ce n’est pas ce qu’on fait, c’est ce qu’on arrive pas à faire
Compte rendu réalisé par Patricia Andriot